Un mois avec LĂ©onard 🎹

Un mois s’est Ă©coulĂ© depuis la derniĂšre Ă©dition Des Chiffres Et Des Lettres. Mois durant lequel j’ai lu la biographie de LĂ©onard de Vinci, par Walter Isaacson (auteur de cĂ©lĂšbres biographies comme celle de Benjamin Franklin, Steve Jobs ou Albert Einstein).

J’ai aussi beaucoup travaillĂ© et creusĂ© un article de blog que j’écris depuis au moins 2 mois.

Lorsque j’ai terminĂ© ce chef-d’Ɠuvre (la biographie, pas mon article hein 😅), j’ai eu envie de vous partager les idĂ©es essentielles que j’ai retenu.

Le gĂ©nie et la singularitĂ© de LĂ©onard sont incroyables. Et ce livre est magnifiquement bien Ă©crit et documentĂ©. J’en retiens de prĂ©cieux apprentissages, que je vous partage aujourd’hui.

1 – Mon rĂ©sumĂ© de la vie de LĂ©onard


LĂ©onard est nĂ© en 1452 Ă  Vinci, petit village italien proche de Florence. C’est une des grandes figures de la Renaissance italienne. Fils de notaire, c’est un enfant non reconnu par son pĂšre. Gaucher, vĂ©gĂ©tarien, homosexuel, parfois hĂ©rĂ©tique, il Ă©tait en inadĂ©quation avec les mƓurs de son Ă©poque. Ce qui a contribuĂ© Ă  sa crĂ©ativitĂ©.

LĂ©onard est un polymathe Ă  la curiositĂ© infinie. Il Ă©tudie en profondeur la peinture, l’optique, la gĂ©omĂ©trie, l’hydraulique, l’ingĂ©nierie, l’art du spectacle, les chevaux, les oiseaux, ou encore le corps humain. Il est connu pour ne pas terminer la plupart de ses Ɠuvres.

Il prenait énormément de notes dans des carnets qui ont traversé les ùges.

Léonard passe sa vie entre Florence, Milan, Rome et la France à la recherche de mécÚnes (Laurent de Médicis, Ludovic Sforza, François Ier). Il meurt en France en 1519, à 67 ans.

2 – Les grands principes que je retiens de ce livre


nb : les citations que vous trouverez ci-dessous sont toutes issues de la biographie de LĂ©onard de Vinci, par Walter Isaacson.

2.1 – L’importance de la curiositĂ© et la soif de connaissances


Isaacson nous partage Ă  la fin de ce livre des grands principes que nous pouvons apprendre de LĂ©onard. Il nous dit : “Soyez curieux, inlassablement curieux”.

En effet, jusqu’à sa mort, la curiositĂ©, la soif de connaissance et la rĂ©solution de problĂšmes ont guidĂ© et animĂ© LĂ©onard.

“LĂ©onard a vĂ©ritablement des talents particuliers, comme en avait Einstein, mais le trait le plus distinctif et fascinant est sa curiositĂ© sans limites. Il veut savoir pourquoi les gens baillent, comment ils peuvent marcher sur la glace en Flandre, comment Ă©laborer des mĂ©thodes pour rĂ©soudre la quadrature du cercle, comment la valve aortique se ferme, comment l’Ɠil traite la lumiĂšre et comment cela influence la façon de rendre la perspective dans une peinture. Il s’enjoint d’Ă©tudier le placenta d’un veau, la lumiĂšre de la Lune et les bords des ombres. Entretenir une curiositĂ© constante et Ă©clectique vis-Ă -vis de tout ce qui nous entoure ; voilĂ  ce que chacun de nous peut se pousser Ă  faire, Ă  chaque instant du jour, exactement comme l’a fait LĂ©onard.”

Si je me lĂšve chaque matin, c’est pour apprendre et dĂ©couvrir de nouvelles choses. J’ai compris dans ce livre que la curiositĂ© est le moteur de l’apprentissage, de l’innovation et du dĂ©veloppement. Malheureusement, plus nous avançons dans l’ñge et plus la curiositĂ© et l’émerveillement ont tendance Ă  diminuer.

2.2 – S’Ă©merveiller comme un enfant

Pourquoi perd-on l’émerveillement de ce qui nous entoure lorsque nous vieillissons ? En Ă©crivant ces quelques mots, j’ai cette image du mĂ©tro qui me vient Ă  l’esprit. D’un cĂŽtĂ©, les adultes qui subissent le trajet. De l’autre, les enfants qui s’émerveillent de ce moyen de transport, des souterrains, des bruits et des mouvements. Pourquoi cherchent-ils absolument Ă  savoir qui pilote ce moyen transport ? Alors que les adultes se demandent juste s’ils arriveront Ă  l’heure ?

“À un certain moment de leur vie, la plupart d’entre nous arrĂȘtent de se poser des questions sur les phĂ©nomĂšnes du quotidien. Nous pouvons savourer la beautĂ© d’un ciel bleu, mais nous ne nous prĂ©occupons plus de savoir pourquoi il est de cette couleur. LĂ©onard s’en Ă©tonne, au mĂȘme titre qu’Einstein, qui s’adresse Ă  un ami en ces mots : “Nous avons, toi et moi, su garder notre curiositĂ© d’enfant face au grand mystĂšre dans lequel nous sommes nĂ©s”. Nous devrions prendre garde Ă  ne jamais laisser fuir nos annĂ©es d’Ă©merveillement et nous assurer que nos enfants font de mĂȘme.”

C’est en s’Ă©merveillant qu’on prend goĂ»t Ă  la vie et que l’on pousse notre curiositĂ© Ă  essayer de comprendre les choses qui nous entourent. La curiositĂ© est un moteur et l’émerveillement est le carburant qui l’alimente. Essayons de regarder le monde qui nous entoure comme des enfants. Nous en retiendrons probablement beaucoup d’apprentissages et de joie.

2.3 – La procrastination est un superpouvoir

Et si remettre les choses au lendemain Ă©tait vertueux ? C’est une idĂ©e contre-intuitive, Ă  l’opposĂ© de bon nombre de conseils donnĂ©s dans les livres de dĂ©veloppement personnel et de productivitĂ©.

Mais en matiĂšre de crĂ©ativitĂ©, il y a probablement du bon Ă  consacrer beaucoup de temps et d’énergie sur un sujet, au risque de repousser les dĂ©lais. LĂ©onard a peint la Joconde durant des annĂ©es. Y apportant de nombreuses retouches et – comme souvent – n’honorant pas sa livraison.

“Alors qu’il peint la CĂšne, LĂ©onard s’arrĂȘte parfois pour observer son travail pendant une heure, effectue finalement une petite retouche, puis repart. Il dĂ©clare au duc Ludovic que la crĂ©ativitĂ© requiert du temps pour laisser mariner les idĂ©es et permettre aux intuitions de prendre forme. “Les hommes au gĂ©nie ambitieux rĂ©alisent parfois leurs plus grandes Ɠuvres lorsqu’ils travaillent le moins,” explique-t-il, “car leur esprit est accaparĂ© par leurs idĂ©es et la perfection de leurs conceptions, auxquelles ils donnent ensuite forme”. La plupart d’entre nous n’ont pas besoin de conseils pour remettre les choses au lendemain ; ils le font naturellement. En revanche, procrastiner comme LĂ©onard requiert du travail. Cette attitude implique de rassembler tous les faits et toutes les idĂ©es possibles et, seulement aprĂšs cette Ă©tape, de faire mijoter ces ensembles d’ingrĂ©dients.”

Lancer un produit minimum viable sur un marchĂ© ou soumettre un travail inachevĂ© Ă  la critique sont des concepts souvent mis en avant dans l’entrepreneuriat et la crĂ©ation. Le mieux est l’ennemi du bien. Fait est mieux que parfait. Mais parfois, il vaut mieux continuer de travailler jusqu’Ă  vouloir atteindre la perfection :

“Il faut parfois livrer un produit, mĂȘme lorsque des amĂ©liorations pourraient encore y ĂȘtre apportĂ©es. Il s’agit d’une bonne rĂšgle pour la vie quotidienne, mais il y a des moments oĂč il est agrĂ©able d’ĂȘtre comme LĂ©onard et de ne pas livrer un produit tant qu’il n’est pas parfait.”


2.4 – Être Ă©goĂŻste et crĂ©er pour soi-mĂȘme


Travailler pour soi est plus puissant que de travailler pour les autres. Car on le fait sans compter, avec notre cƓur et notre personnalitĂ©.

“La trĂšs puissante et richissime marquise Isabelle d’Este a beau le supplier, LĂ©onard ne peindra pas son portrait. En revanche, il s’attaque Ă  celui de la femme d’un marchand de soie, prĂ©nommĂ©e Lisa. Il le fait parce qu’il le veut, et il continue Ă  y travailler pour le restant de ses jours, sans jamais l’expĂ©dier Ă  son client.”

Essayons de garder du temps pour travailler sur nos propres projets. Le rĂ©sultat et la valeur ajoutĂ©e du travail pour soi peuvent ĂȘtre surprenants.

2.5 – Éviter le cloisonnement pour mieux crĂ©er

Si LĂ©onard Ă©tait un gĂ©nie, c’est parce qu’il arrivait Ă  croiser plusieurs disciples entre elles :

“LĂ©onard est un esprit libre qui flĂąne gaiement dans toutes les disciplines des arts, des sciences, de l’ingĂ©nierie et des humanitĂ©s. Fort de sa connaissance de la maniĂšre dont la lumiĂšre frappe la rĂ©tine, il façonne la perspective de La CĂšne et, sur la page oĂč il dessine ses vues anatomiques de la dissection des lĂšvres, il esquisse le sourire qui rĂ©apparaĂźtra dans La Joconde.”

Casser les barriĂšres entre les sujets et faire des liens sont d’excellents moyens de crĂ©er. LĂ©onard est connu pour faire des analogies entre la nature et le corps humain :

“Il Ă©tudiait les boucles de la chevelure encadrant le visage d’une jolie femme en les envisageant comme les tourbillons d’un courant d’eau. Dans l’un de ses dessins, la ressemblance entre un fƓtus in utero et une graine dans sa coquille est frappante.”

Avec la recherche de productivitĂ©, la spĂ©cialisation est devenue la norme. Mais l’innovation et la crĂ©ativitĂ© Ă©mergent souvent grĂące au dĂ©cloisonnement et aux liens entre les diffĂ©rents domaines.

2.6 – La collaboration et le gĂ©nie

La collaboration est la clĂ© des plus grandes crĂ©ations. C’est en montrant son travail Ă  d’autres, en partageant son savoir et ses connaissances que naissent des synergies.

“Comme de nombreux mythes, celui du gĂ©nie solitaire renferme une part de vĂ©ritĂ©. Mais la rĂ©alitĂ© est gĂ©nĂ©ralement plus subtile. [
] Le gĂ©nie naĂźt avec l’intelligence d’un individu. Il requiert une vision singuliĂšre. Mais sa rĂ©alisation implique souvent de travailler avec d’autres personnes. L’innovation est un sport d’Ă©quipe. La crĂ©ativitĂ© est une entreprise collective.”

Contrairement Ă  l’image de solitaire incompris, derriĂšre un gĂ©nie se cache souvent un groupe : Penseurs de l’antiquitĂ©, Artistes de la Renaissance, Philosophes des LumiĂšres, Junto club
 C’est la rencontre de scĂšnes et de gĂ©nies – appelĂ©e scenius – qui fait Ă©merger des crĂ©ations incroyables. Valentin Decker en parle dans son magnifique article Voici pourquoi le gĂ©nie solitaire n’existe pas, que je vous recommande.

“Pour LĂ©onard comme pour la plupart des penseurs multidisciplinaires de l’Histoire, les idĂ©es sont avant tout affaire de collaboration. Au contraire de Michel-Ange et d’autres artistes tourmentĂ©s, LĂ©onard aime ĂȘtre entourĂ© d’amis, de compagnons, d’Ă©lĂšves, d’assistants, de collĂšgues et d’autres penseurs. Dans ses carnets, nous trouvons la trace des personnes avec lesquelles il se rĂ©jouit de discuter. Ses plus belles amitiĂ©s sont intellectuelles.”

L’école d’AthĂšne – RaphaĂ«l (1508-1512)

2.7 – La prise de notes manuscrites dĂ©tient de nombreux bĂ©nĂ©fices

Je vous parle souvent dans cette newsletter des bĂ©nĂ©fices de l’écriture. Certains d’entre vous m’ont d’ailleurs parlĂ© de leurs habitudes d’écriture manuscrite. Eh bien cette biographie nous apprend (ou nous confirme) qu’écrire est bon pour la crĂ©ativitĂ©. C’est aussi un moyen de transmettre un hĂ©ritage tangible et de laisser une trace plus personnelle :

“Cinq cents ans plus tard, les carnets de LĂ©onard sont lĂ  pour nous stupĂ©fier et nous inspirer. Dans cinq dĂ©cennies, nos propres carnets – si nous nous dĂ©cidons Ă  les noircir – seront toujours lĂ  pour Ă©tonner et inspirer nos petits-enfants, ce qui n’est pas le cas de nos tweets et de nos publications Facebook.”

J’aimerais partager avec vous les nombreuses images, pensĂ©es et listes inscrites dans les carnets de LĂ©onard de Vinci, que l’on trouve dans cette biographie. Mais je vous laisse la surprise et la joie de les dĂ©couvrir, si vous avez l’occasion d’ouvrir ce magnifique livre.

Étude d’un Foetus – LĂ©onard de Vinci (carnet datant de 1510)

Dessins anatomiques, architectures, plans de villes, portraits, problĂšmes mathĂ©matiques
 Les carnets de LĂ©onard ont traversĂ© les Ăąges et nous montrent qu’ils sont le support de tous ses travaux. L’artiste y Ă©crivait Ă©galement ses pensĂ©es, des listes, ou des rappels. Au travers cet hĂ©ritage vieux de 500 ans – et le travail colossal d’Isaacson et d’autres chercheurs – nous pouvons nous plonger dans le cerveau d’un des plus grands gĂ©nies de l’humanitĂ©.

C’est un des bĂ©nĂ©fices immenses de la lecture de biographies.

En conclusion, ce livre est un des rares Ă  m’avoir mis une claque. J’en retiens de nombreux principes qui m’aideront chaque jour Ă  progresser et m’épanouir. Mais il ne suffit pas de lire de maniĂšre passive. En refermant ce livre, je sais que je dois appliquer des grands principes, tels que l’émerveillement, la persĂ©vĂ©rance, le dĂ©cloisonnement ou le partage de connaissance.

J’espùre que cette newsletter vous a plu.

Ma ligne Ă©ditoriale est un peu floue. Mais brique aprĂšs brique, newsletter aprĂšs newsletter, je l’amĂ©liore. Et maintenant, je sais que je peux prendre le temps de peaufiner et de partager mon travail pour l’amĂ©liorer petit Ă  petit.

Merci LĂ©onard.

À trùs vite

Maxime

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